Cequi ne dépend pas de nous est l'objet du désir (les choses extérieures). Et Epictète de conclure : il vaut mieux supprimer les désirs car en faisant comme si on pouvait contrôler ce qui ne dépend pas de nous, on devient malheureux. Les troubles ne viennent donc pas des choses mais des jugements sur les choses. Or, le jugement, tout Dépendil de nous d’être heureux ? Etre heureux peut, d’après l’étymologie se traduire par l’idée de bonheur. L’Homme définit alors ce dernier tel l’assouvissement des besoins, la Citationssur Qu'est ce qui nous empêche d'être heureux? : àŠtre heureux, c'est être envié. Or, il y a toujours quelqu'un qui nous envie. Il s'agit de le connaître. - Jules Renard. Nous nous imaginons que l'amour a pour objet un être qui peut être couché devant nous, enfermé dans un corps. Hélas, il est l'extension de cet être à Ilest difficile d’être heureux lorsque nous avons des attentes très spécifiques de comment les choses devraient être. C’est pourquoi en se concentrant sur ce que l’on souhaite réellement, plutôt que sur le “comment” l’on voudrait que cela se manifeste, nous rend forcément plus heureux. Par exemple, vous souhaitez avoir un travail dans tel Onpeut également affirmer que le fait d’être heureux ne dépend pas de nous puisque notre bonheur est influencé par des tas de choses extérieures, étant, comme dirait Quisommes-nous ? Archives; Toutes les séances; Charte des cafés philos; Le café philo, comme si vous y étiez Série radio "La philosophie au comptoir" La chaîne SoundCloud du Café philo; Espace Presse; Nous contacter; Suivez-nous en vous abonnant à la newsletter du café philo ; Notes; Catégories; Archives; Photos de séance. Café philo YsTAK. 403 ERROR The Amazon CloudFront distribution is configured to block access from your country. We can't connect to the server for this app or website at this time. There might be too much traffic or a configuration error. 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Alors nous ne serions pas libres, pas suffisamment pour infléchir le cours de notre propre existence. Le bonheur ne peut-il pas être produit par notre action, notre capacité à faire évoluer la situation en notre faveur ? Ne pouvons-nous pas être les véritables artisans de notre bonheur ? Plus encore, ne peut-on pas être heureux même si nous échouons à modifier notre sort ? Il arrive d’ailleurs qu’à circonstances égales, après un deuil par exemple, l’un soit heureux à nouveau quand l’autre n’y parviendra pas. Etre heureux, c’est en effet aussi se sentir heureux, en toutes circonstances. Le bonheur se trouverait plus alors dans l’état d’esprit adopté que dans les événements vécus. Dès lors, ne dépend-il pas de nous d’éprouver ce sentiment de plénitude ? Mais comment y accéder lorsque les événements semblent y faire obstacle ? Nous essaierons donc de voir s’il dépend de nous d’être heureux. Le bonheur réside-t-il dans la réalité des événements vécus ou dans l’état d’esprit adopté face à eux ? Le bonheur n’est-il pas lié aux hasards de la vie que produisent satisfaction et insatisfaction ? Mais ne peut-on pas maîtriser notre existence pour être pleinement satisfaits ? Même lorsque les événements sont défavorables, n’est-il pas possible d’être heureux ? Notre bonheur repose sur une part de chance que nous ne maîtrisons pas… Le bonheur apparaît comme lié au hasard d’abord par son étymologie. Etre heureux signifie en effet ne manquer de rien. Or, un tel état de satisfaction totale semble difficile, impossible à atteindre. A peine avons-nous satisfait un désir qu’un autre apparaît. Le désir ne semble pas être quelque chose que l’on puisse maîtriser mais une force qui nous domine. Pire encore, le bonheur suppose une satisfaction durable, continue. Le plaisir, cette décharge ponctuelle éprouvée lorsqu’un désir est satisfait ne suffit pas à faire notre bonheur, qui lui est durable. Là encore, il semble ne pas dépendre de nous d’accéder à un tel état. Si nous pouvons mettre en œuvre nos forces pour satisfaire ponctuellement un désir, comment nous assurer que cela durera ? Ainsi, dans les Fondements de la métaphysique des mœurs, Kant définit le bonheur comme un idéal de l’imagination » impossible à définir, précisément parce qu’il nous est impossible de nous assurer que ce qui nous satisfera ponctuellement nous rendra heureux de manière pérenne. Comment savoir, par exemple, que la richesse ne nous apportera pas plus de souci que de satisfaction, que le savoir ne nous amène pas à prendre connaissance de faits dont l’ignorance nous maintenait dans une heureuse illusion ? Ainsi nous ne pouvons être les auteurs d’une satisfaction durable et totale, car nous ne savons ce qu’il adviendra demain de ce que nous souhaitons aujourd’hui. Cela montre que le bonheur ne dépend pas de nous il faudrait pour cela, dit Kant, être omniscient. Comment, d’ailleurs, pourrions-nous espérer atteindre une satisfaction totale alors que nous vivons en société ? Le bonheur ne dépend pas de nous, individus, parce qu’il dépend de nous, communauté. Si le bonheur est un état de satisfaction totale et durable, il dépendra aussi de la régulation politique qui peut nous apporter cette satisfaction du point de vue économique en assurant une croissance nous garantissant une satisfaction matérielle, social en nous protégeant, précisément, contre les aléas de l’existence comme la maladie, les accidents, le chômage, politique nous rendant libres. En somme, si la déclaration d’indépendance des Etats-Unis reconnaît le droit à la recherche du bonheur comme un droit naturel et inaliénable, elle reconnaît aussi que ce droit doit être garanti par l’Etat, qu’il ne dépend pas seulement de nous mais de ce que la collectivité à laquelle nous appartenons nous fournit comme environnement. Il ne dépend donc pas de nous d’être heureux car si le bonheur est un état de satisfaction total et durable, nous n’avons pas une maîtrise suffisante du cours des choses pour éviter les événements qui pourraient nuire à notre pleine satisfaction. Est-ce à dire alors que l’homme est impuissant face au cours de sa propre existence ? La liberté dont nous sommes supposés être dotés n’implique-t-elle pas que nous soyons capables d’agir sur le cours des choses pour, loin de rester passifs, être les artisans d’un bonheur qui dépendrait alors entièrement de nous ? … mais nous pouvons essayer d’infléchir le cours de notre existence pour atteindre le bonheur… N’y a-t-il pas, en effet, une forme de mauvaise foi à prétendre que nous sommes malheureux par le coup du sort ? La liberté ne suppose-t-elle pas au contraire une capacité à agir sur la réalité pour la transformer ? Dire que le bonheur ne dépend pas de nous, ce serait renoncer à cette liberté qui nous est pourtant essentielle. La liberté désigne la capacité à agir en accord avec notre volonté, envers et contre la réalité matérielle, naturelle, sociale, etc… S’abriter derrière les événements pour justifier que nous ne puissions être heureux, c’est s’avouer vaincus face à la réalité. C’est en somme une forme de cette mauvaise foi dont parle Sartre, qui consiste précisément à se réfugier derrière les circonstances pour se décharger de l’énorme poids des responsabilités attachées à notre totale liberté. Or, même celui qui est en prison est, dit Sartre, capable d’agir sur son destin pour améliorer sa situation, essayer de se faire libérer, de s’échapper... S’il nous faut prendre notre liberté au sérieux, alors nous devons admettre que le bonheur dépend de nous. Même si nous vivons des situations que nous n’avons pas choisies, nous restons libres de choisir ce que nous en faisons, nous restons libres d’essayer de les transformer et d’agir sur la réalité sans nous contenter de la subir. C’est peut-être la raison pour laquelle tous ne parviennent pas à être heureux. Le bonheur dépendrait en effet de notre puissance. En tant que satisfaction de nos désirs, le bonheur est alors essentiellement lié à notre liberté d’agir. Tous ne peuvent pas obtenir ce qu’ils désirent, le bonheur est alors relatif non seulement parce que nous n’en avons pas tous la même définition, mais aussi parce que nous ne sommes pas tous égaux en termes de puissance. Nous ne possédons pas tous le même pouvoir d’infléchir la réalité, et c’est aussi en cela que le bonheur dépend de nous. C’est bien ce qui fait à dire à Calliclès, dans le Gorgias, que le bonheur consiste à laisser libre cours à ses désirs, pour celui qui est assez puissant pour les satisfaire. La liberté est pouvoir, avant tout politique, celui de l’homme né fils de roi ou qui a su se hisser à un poste de commandement. Seul celui doté d’une telle puissance peut être heureux, car lui seul peut extraire de la réalité, par sa force, ce qui lui permettra de satisfaire ses désirs. Alors, le bonheur, comme satisfaction de nos désirs, dépend donc de nous. Il est relatif à notre degré de liberté et de puissance. Pourtant, dans une même situation, de maladie par exemple, il est possible que l’un, même impuissant, soit heureux là où l’autre ne l’est pas. Cela n’indique-t-il pas que le bonheur dépend de nous, d’abord dans le sens où il réside dans notre état d’esprit plus que dans les circonstances vécues qui s’imposent à nous ? … même si le bonheur tient d’abord à notre manière d’être. Le bonheur est en effet aussi un sentiment, un état vécu. Dès lors, il peut reposer plus dans ce que nous pensons des circonstances qui nous incombent. Même dans des circonstances défavorables, il nous est ainsi possible d’accéder au bonheur grâce à la manière dont nous abordons ces événements. N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que nous faisons pour un ami traversant une période difficile ? Nous ne restons pas silencieux, mais essayons de le réconforter, le raisonner pour qu’il puisse envisager un futur bonheur possible au-delà de sa tristesse immédiate. Si nous le faisons pour les autres, ne pouvons-nous pas le faire pour nous-mêmes ? Nous sommes habitués à nous croire impuissants face aux coups du sort. Mais ce ne sont pas les événements qu’il faut forcer en notre faveur pour être heureux, c’est à nous-mêmes que nous devons faire violence pour nous obliger à voir ce qu’il y a de positif là où la tristesse domine. Une fois passés le choc et la tristesse d’un deuil, par exemple, nous pouvons envisager d’être heureux, si nous ne nous focalisons pas sur ce que nous n’avons pas ou plus perte irréparable à l’égard de quoi nous ne pouvons rien, pour porter notre attention sur ce que nous avons les souvenirs qui restent du disparu par exemple, la mémoire que nous portons de lui. Alors, vivre un deuil, même vivement, n’annule pas toute possibilité d’un bonheur futur. Il nous appartient d’attacher notre esprit à ce que nous avons plutôt qu’à ce que nous n’avons pas. Là est le sens de la maxime stoïcienne, nous invitant à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, comme le dit Epictète. On accède au bonheur par la volonté, car elle nous permet de voir et penser la réalité sous l’angle nécessaire pour être heureux. Rousseau va finalement dans le même sens dans la Nouvelle Héloïse, même s’il arrive à une conclusion contraire nous invitant à nous réfugier dans le pays des chimères ». Ce n’est pas en essayant de transformer une réalité face à laquelle nous sommes souvent impuissants que l’on peut faire son propre bonheur, mais en nous satisfaisants de ce que nous avons, soit ce qui dépend de nous, soit ce refuge que constitue l’imagination, l’anticipation, ce bonheur avant le bonheur qu’est le désir. Le bonheur dépend donc de nous. Certes, les circonstances extérieures pèsent sur nous et nous font éprouver, ponctuellement, tristesse ou joie, mais le bonheur, état de plénitude qui dure, ne se trouve pas dans l’aléa des circonstances. Il est dans ce que nous en faisons. Maigre consolation pour celui qui est frappé par une tragédie, et sans doute dans certains cas il ne reste rien vers quoi se tourner pour compenser ce que nous n’avons plus. En cela, sans doute ne pouvons-nous pas toujours être heureux. Mais si nous pouvons l’être, cela dépend de nous et de notre capacité à accepter les événements. Published by N'DIAYE - dans Plans de cours TL Temps de lec­ture 6 minutesPar son éty­mo­lo­gie, le bon­heur bon-heur ren­voie au hasard. Serait heu­reux celui qui a de la chance. Et, en effet, si être heu­reux signi­fie voir tous ses dési­rs satis­faits, ne devons-nous pas admettre que cela relève plus du hasard que de notre volon­té ? La santé, l’amour semblent par exemple être des domaines dans les­quels la volon­té ne suf­fit pas à nous pré­mu­nir contre les coups du sort. Alors, ne sommes-nous pas impuis­sants face aux hasards de la vie, dont notre bon­heur dépend ? Pourtant, cela sup­po­se­rait une forme de fata­li­té. Alors nous ne serions pas libres, pas suf­fi­sam­ment pour inflé­chir le cours de notre propre exis­tence. Le bon­heur ne peut-il pas être pro­duit par notre action, notre capa­ci­té à faire évo­luer la situa­tion en notre faveur ? Ne pouvons-nous pas être les véri­tables arti­sans de notre bon­heur ? Plus encore, ne peut-on pas être heu­reux même si nous échouons à modi­fier notre sort ? Il arrive d’ailleurs qu’à cir­cons­tances égales, après un deuil par exemple, l’un soit heu­reux à nou­veau quand l’autre n’y par­vien­dra pas. Etre heu­reux, c’est en effet aussi se sen­tir heu­reux, en toutes cir­cons­tances. Le bon­heur se trou­ve­rait plus alors dans l’état d’esprit adop­té que dans les évé­ne­ments vécus. Dès lors, ne dépend-il pas de nous d’éprouver ce sen­ti­ment de plé­ni­tude ? Mais com­ment y accé­der lorsque les évé­ne­ments semblent y faire obstacle ? Nous essaie­rons donc de voir s’il dépend de nous d’être heu­reux. Le bon­heur réside-t-il dans la réa­li­té des évé­ne­ments vécus ou dans l’état d’esprit adop­té face à eux ? Le bon­heur n’est-il pas lié aux hasards de la vie que pro­duisent satis­fac­tion et insa­tis­fac­tion ? Mais ne peut-on pas maî­tri­ser notre exis­tence pour être plei­ne­ment satis­faits ? Même lorsque les évé­ne­ments sont défa­vo­rables, n’est-il pas pos­sible d’être heureux ? Notre bon­heur repose sur une part de chance que nous ne maî­tri­sons pas… Le bon­heur appa­raît comme lié au hasard d’abord par son éty­mo­lo­gie. Etre heu­reux signi­fie en effet ne man­quer de rien. Or, un tel état de satis­fac­tion totale semble dif­fi­cile, impos­sible à atteindre. A peine avons-nous satis­fait un désir qu’un autre appa­raît. Le désir ne semble pas être quelque chose que l’on puisse maî­tri­ser mais une force qui nous domine. Pire encore, le bon­heur sup­pose une satis­fac­tion durable, conti­nue. Le plai­sir, cette décharge ponc­tuelle éprou­vée lorsqu’un désir est satis­fait ne suf­fit pas à faire notre bon­heur, qui lui est durable. Là encore, il semble ne pas dépendre de nous d’accéder à un tel état. Si nous pou­vons mettre en œuvre nos forces pour satis­faire ponc­tuel­le­ment un désir, com­ment nous assu­rer que cela dure­ra ? Ainsi, dans les Fondements de la méta­phy­sique des mœurs, Kant défi­nit le bon­heur comme un idéal de l’imagination » impos­sible à défi­nir, pré­ci­sé­ment parce qu’il nous est impos­sible de nous assu­rer que ce qui nous satis­fe­ra ponc­tuel­le­ment nous ren­dra heu­reux de manière pérenne. Comment savoir, par exemple, que la richesse ne nous appor­te­ra pas plus de souci que de satis­fac­tion, que le savoir ne nous amène pas à prendre connais­sance de faits dont l’ignorance nous main­te­nait dans une heu­reuse illu­sion ? Ainsi nous ne pou­vons être les auteurs d’une satis­fac­tion durable et totale, car nous ne savons ce qu’il advien­dra demain de ce que nous sou­hai­tons aujourd’hui. Cela montre que le bon­heur ne dépend pas de nous il fau­drait pour cela, dit Kant, être omniscient. Comment, d’ailleurs, pourrions-nous espé­rer atteindre une satis­fac­tion totale alors que nous vivons en socié­té ? Le bon­heur ne dépend pas de nous, indi­vi­dus, parce qu’il dépend de nous, com­mu­nau­té. Si le bon­heur est un état de satis­fac­tion totale et durable, il dépen­dra aussi de la régu­la­tion poli­tique qui peut nous appor­ter cette satis­fac­tion du point de vue éco­no­mique en assu­rant une crois­sance nous garan­tis­sant une satis­fac­tion maté­rielle, social en nous pro­té­geant, pré­ci­sé­ment, contre les aléas de l’existence comme la mala­die, les acci­dents, le chô­mage, poli­tique nous ren­dant libres. En somme, si la décla­ra­tion d’indépendance des Etats-Unis recon­naît le droit à la recherche du bon­heur comme un droit natu­rel et inalié­nable, elle recon­naît aussi que ce droit doit être garan­ti par l’Etat, qu’il ne dépend pas seule­ment de nous mais de ce que la col­lec­ti­vi­té à laquelle nous appar­te­nons nous four­nit comme environnement. Il ne dépend donc pas de nous d’être heu­reux car si le bon­heur est un état de satis­fac­tion total et durable, nous n’avons pas une maî­trise suf­fi­sante du cours des choses pour évi­ter les évé­ne­ments qui pour­raient nuire à notre pleine satis­fac­tion. Est-ce à dire alors que l’homme est impuis­sant face au cours de sa propre exis­tence ? La liber­té dont nous sommes sup­po­sés être dotés n’implique-t-elle pas que nous soyons capables d’agir sur le cours des choses pour, loin de res­ter pas­sifs, être les arti­sans d’un bon­heur qui dépen­drait alors entiè­re­ment de nous ? … mais nous pou­vons essayer d’infléchir le cours de notre exis­tence pour atteindre le bonheur… N’y a‑t-il pas, en effet, une forme de mau­vaise foi à pré­tendre que nous sommes mal­heu­reux par le coup du sort ? La liber­té ne suppose-t-elle pas au contraire une capa­ci­té à agir sur la réa­li­té pour la trans­for­mer ? Dire que le bon­heur ne dépend pas de nous, ce serait renon­cer à cette liber­té qui nous est pour­tant essen­tielle. La liber­té désigne la capa­ci­té à agir en accord avec notre volon­té, envers et contre la réa­li­té maté­rielle, natu­relle, sociale, etc… S’abriter der­rière les évé­ne­ments pour jus­ti­fier que nous ne puis­sions être heu­reux, c’est s’avouer vain­cus face à la réa­li­té. C’est en somme une forme de cette mau­vaise foi dont parle Sartre, qui consiste pré­ci­sé­ment à se réfu­gier der­rière les cir­cons­tances pour se déchar­ger de l’énorme poids des res­pon­sa­bi­li­tés atta­chées à notre totale liber­té. Or, même celui qui est en pri­son est, dit Sartre, capable d’agir sur son des­tin pour amé­lio­rer sa situa­tion, essayer de se faire libé­rer, de s’échapper… S’il nous faut prendre notre liber­té au sérieux, alors nous devons admettre que le bon­heur dépend de nous. Même si nous vivons des situa­tions que nous n’avons pas choi­sies, nous res­tons libres de choi­sir ce que nous en fai­sons, nous res­tons libres d’essayer de les trans­for­mer et d’agir sur la réa­li­té sans nous conten­ter de la subir. C’est peut-être la rai­son pour laquelle tous ne par­viennent pas à être heu­reux. Le bon­heur dépen­drait en effet de notre puis­sance. En tant que satis­fac­tion de nos dési­rs, le bon­heur est alors essen­tiel­le­ment lié à notre liber­té d’agir. Tous ne peuvent pas obte­nir ce qu’ils dési­rent, le bon­heur est alors rela­tif non seule­ment parce que nous n’en avons pas tous la même défi­ni­tion, mais aussi parce que nous ne sommes pas tous égaux en termes de puis­sance. Nous ne pos­sé­dons pas tous le même pou­voir d’infléchir la réa­li­té, et c’est aussi en cela que le bon­heur dépend de nous. C’est bien ce qui fait à dire à Calliclès, dans le Gorgias, que le bon­heur consiste à lais­ser libre cours à ses dési­rs, pour celui qui est assez puis­sant pour les satis­faire. La liber­té est pou­voir, avant tout poli­tique, celui de l’homme né fils de roi ou qui a su se his­ser à un poste de com­man­de­ment. Seul celui doté d’une telle puis­sance peut être heu­reux, car lui seul peut extraire de la réa­li­té, par sa force, ce qui lui per­met­tra de satis­faire ses désirs. Alors, le bon­heur, comme satis­fac­tion de nos dési­rs, dépend donc de nous. Il est rela­tif à notre degré de liber­té et de puis­sance. Pourtant, dans une même situa­tion, de mala­die par exemple, il est pos­sible que l’un, même impuis­sant, soit heu­reux là où l’autre ne l’est pas. Cela n’indique-t-il pas que le bon­heur dépend de nous, d’abord dans le sens où il réside dans notre état d’esprit plus que dans les cir­cons­tances vécues qui s’imposent à nous ? … même si le bon­heur tient d’abord à notre manière d’être. Le bon­heur est en effet aussi un sen­ti­ment, un état vécu. Dès lors, il peut repo­ser plus dans ce que nous pen­sons des cir­cons­tances qui nous incombent. Même dans des cir­cons­tances défa­vo­rables, il nous est ainsi pos­sible d’accéder au bon­heur grâce à la manière dont nous abor­dons ces évé­ne­ments. N’est-ce pas, d’ailleurs, ce que nous fai­sons pour un ami tra­ver­sant une période dif­fi­cile ? Nous ne res­tons pas silen­cieux, mais essayons de le récon­for­ter, le rai­son­ner pour qu’il puisse envi­sa­ger un futur bon­heur pos­sible au-delà de sa tris­tesse immé­diate. Si nous le fai­sons pour les autres, ne pouvons-nous pas le faire pour nous-mêmes ? Nous sommes habi­tués à nous croire impuis­sants face aux coups du sort. Mais ce ne sont pas les évé­ne­ments qu’il faut for­cer en notre faveur pour être heu­reux, c’est à nous-mêmes que nous devons faire vio­lence pour nous obli­ger à voir ce qu’il y a de posi­tif là où la tris­tesse domine. Une fois pas­sés le choc et la tris­tesse d’un deuil, par exemple, nous pou­vons envi­sa­ger d’être heu­reux, si nous ne nous foca­li­sons pas sur ce que nous n’avons pas ou plus perte irré­pa­rable à l’égard de quoi nous ne pou­vons rien, pour por­ter notre atten­tion sur ce que nous avons les sou­ve­nirs qui res­tent du dis­pa­ru par exemple, la mémoire que nous por­tons de lui. Alors, vivre un deuil, même vive­ment, n’annule pas toute pos­si­bi­li­té d’un bon­heur futur. Il nous appar­tient d’attacher notre esprit à ce que nous avons plu­tôt qu’à ce que nous n’avons pas. Là est le sens de la maxime stoï­cienne, nous invi­tant à dis­tin­guer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous, comme le dit Epictète. On accède au bon­heur par la volon­té, car elle nous per­met de voir et pen­ser la réa­li­té sous l’angle néces­saire pour être heu­reux. Rousseau va fina­le­ment dans le même sens dans la Nouvelle Héloïse, même s’il arrive à une conclu­sion contraire nous invi­tant à nous réfu­gier dans le pays des chi­mères ». Ce n’est pas en essayant de trans­for­mer une réa­li­té face à laquelle nous sommes sou­vent impuis­sants que l’on peut faire son propre bon­heur, mais en nous satis­fai­sants de ce que nous avons, soit ce qui dépend de nous, soit ce refuge que consti­tue l’imagination, l’anticipation, ce bon­heur avant le bon­heur qu’est le désir. Le bon­heur dépend donc de nous. Certes, les cir­cons­tances exté­rieures pèsent sur nous et nous font éprou­ver, ponc­tuel­le­ment, tris­tesse ou joie, mais le bon­heur, état de plé­ni­tude qui dure, ne se trouve pas dans l’aléa des cir­cons­tances. Il est dans ce que nous en fai­sons. Maigre conso­la­tion pour celui qui est frap­pé par une tra­gé­die, et sans doute dans cer­tains cas il ne reste rien vers quoi se tour­ner pour com­pen­ser ce que nous n’avons plus. En cela, sans doute ne pouvons-nous pas tou­jours être heu­reux. Mais si nous pou­vons l’être, cela dépend de nous et de notre capa­ci­té à accep­ter les événements. aidan­diaye Et si vous chan­giez d’air ?

depend il de nous d ĂŞtre heureux