Chersfans de CodyCross Mots CroisĂ©s bienvenue sur notre site SolutionCodyCross.net. Vous trouverez la rĂ©ponse Ă  la question Port marocain dans le dĂ©troit de Gibraltar . Cliquez sur le niveau requis dans la liste de cette page et nous n’ouvrirons ici que les rĂ©ponses correctes Ă  CodyCross Faune et Flore. TĂ©lĂ©chargez ce jeu sur votre smartphone et faites exploser votre Transportet logistique Ă  Tanger (Maroc) Tanger-Med est un port de fret situĂ© sur le dĂ©troit de Gibraltar Ă  40 kilomĂštres Ă  l’est de Tanger. Groupe danois A. P. Moller-Maersk; Tanger-Med est l’un des plus grands ports de la MĂ©diterranĂ©e et de l’Afrique; Entreprises dans le port de Tanger-Med : Bosch, Decathlon, Huawei, 3M, Groupe Lescompagnies maritimes ont repris progressivement, mardi, leurs services passagers Ă  travers le dĂ©troit de Gibraltar. Le port Tanger Med a commencĂ© Ă  accueillir les navires Ă  passagers en LedĂ©troit de Gibraltar et la MĂ©diterranĂ©e. Parler de stratĂ©gie c'est parler de gĂ©ographie, aucune stratĂ©gie ne se conçoit sans l'Ă©tude prĂ©alable de notre gĂ©ographie. La participation de la MĂ©diterranĂ©e Ă  la stratĂ©gie navale espagnole est fortement caractĂ©risĂ©e par la rĂ©alitĂ© stratĂ©gique influente du dĂ©troit. Celafaisait des annĂ©es que le projet d’afro-tunnel, censĂ© relier le Maroc Ă  l’Espagne en passant sous le dĂ©troit de Gibraltar, avait Villede Algeciras. AlgĂ©ciras ) est une commune Espganol dans la province d'Andalousie. elle dĂ©pend administrativement de la province de Cadix le port d'algeciras est parmis les plus grand port d’Espagne, Le port d'AlgĂ©siras est situĂ© Ă  l'entrĂ©e du dĂ©troit de Gibraltar. Il assure un important trafic de passagers et de vĂ©hicules entre l'Espagne et le Maroc. yGHreEc. Ferries Ferries Mini CroisiĂšre Fret HĂ©bergement Recherches rĂ©centes Recherches rĂ©centes Veuillez noter les prix augmentent au fur et Ă  mesure que la disponibilitĂ© diminue. Mon Compte Service Client France Menu Recherches rĂ©centes Veuillez noter les prix augmentent au fur et Ă  mesure que la disponibilitĂ© diminue. Trouvez les meilleures offres TraversĂ©es et ports Compagnies de ferry Pays Mon Compte Service Client Offres spĂ©ciales DĂ©solĂ©, le service vers Tanger - Gibraltar n'est plus disponible. Alternativement Voir toutes les routes de ferry Voir toutes les compagnies de ferry Voir toutes les destinations en ferry Navires au mouillage face Ă  l’enclave britannique de Gibraltar Nora MareĂŻ, juillet 2010. 1Depuis toujours, le dĂ©troit de Gibraltar est un espace observĂ© et convoitĂ©, dont les fonctions ont Ă©voluĂ© Ă  chaque Ă©poque de l’histoire. L’ouverture du canal de Suez, en 1869, a cependant accĂ©lĂ©rĂ© son destin. Il devient le goulet majeur des routes maritimes en provenance d’Asie. La grande route impĂ©riale des Indes, celle du pĂ©trole arabo-persique, ou encore celle des produits manufacturĂ©s asiatiques passent systĂ©matiquement par Suez et donc Gibraltar pour les Ă©changes entre l’Europe et l’Asie Charlier, 1990 ; Guillaume, 1999 ; Marcadon, 2004. Il n’est alors pas nouveau de parler de mondialisation en ce qui concerne le dĂ©troit de Gibraltar. Toutefois, son rĂŽle Ă©volue rapidement depuis la fin des annĂ©es 1980. Il a ainsi Ă©tĂ© placĂ© sur l’échiquier maritimo-portuaire contemporain par l’amateur danois Maersk. Ce dernier, Ă  l’origine de changements structuraux dans les logiques du transport maritime conteneurisĂ©, a choisi comme port pivot Ă  l’échelle mondiale le port d’Algeciras sur le dĂ©troit de Gibraltar. Il place ainsi le dĂ©troit au cƓur des restructurations du transport maritime mondial et en fait un observatoire des changements VigariĂ©, 1995 ; Guillaume, 2005 ; FrĂ©mont, 2007. 2MalgrĂ© ce rĂŽle grandissant sur la scĂšne maritime mondiale, les rĂ©gions frontaliĂšres du dĂ©troit de Gibraltar, l’Andalousie d’un cĂŽtĂ©, le TangĂ©rois de l’autre, sont des rĂ©gions pauvres et Ă  la pĂ©riphĂ©rie des centres Ă©conomiques de leur pays respectif. Par l’émergence d’une dynamique portuaire conquĂ©rante, elles ont pourtant rĂ©ussi Ă  s’accrocher aux flux mondiaux passant quotidiennement Ă  leurs pieds. Dans quelle mesure, cet arrimage aux grands flux maritimes circumterrestres influence-t-il le dĂ©veloppement des territoires de rivage ? 3En proposant un regard global sur cet espace terraquĂ©, l’objectif de l’article est d’analyser les enjeux territoriaux d’un espace qui semble plus animĂ© par la mer qui se trouve en son centre que par ses rivages. La premiĂšre partie Ă©voque la maniĂšre dont ce passage maritime international est devenu une plaque tournante de la mondialisation des Ă©changes. Ensuite, un retour Ă  une Ă©chelle plus locale permet de rĂ©vĂ©ler les risques de ruptures spatiales engendrĂ©s par cet arrimage mondial. Enfin, dans une rĂ©flexion sur les solutions Ă  apporter Ă  cette dĂ©sarticulation entre un systĂšme mondialisĂ© et des marges qui peinent Ă  en profiter, la perspective d’une gestion commune des rives du dĂ©troit est envisagĂ©e. Illustration 1 - Localisation des ports du dĂ©troit et des activitĂ©s pĂ©ri-portuaires Source Nora MareĂŻ, 2008. Le dĂ©troit de Gibraltar, une plaque tournante pour la mondialisation des Ă©changes 4Sans ĂȘtre Ă  la tĂȘte d'une zone de production internationale ou de consommation de masse, il est rare qu’un espace maritime devienne un lieu d’escale pour les grands navires de la flotte mondiale. Pourtant sur le dĂ©troit de Gibraltar, la spĂ©cialisation dans le stockage et la redistribution des conteneurs Ă  l’échelle internationale, associĂ©e Ă  une forte activitĂ© de ravitaillement des navires, ne sont pas loin d’en faire une aire d’arrĂȘt incontournable sur la grande autoroute maritime Est-Ouest. Le dĂ©troit de Gibraltar devient un espace original oĂč se croisent le dense trafic marchand alimentant les Ă©changes entre Europe et Asie, et une circulation humaine de plus en plus intense, rĂ©vĂ©latrice des liens historiques entre l’Europe et l’Afrique. L’ensemble de ces flux hisse le dĂ©troit de Gibraltar au rang des dĂ©troits du Pas de Calais ou de Malacca en termes de trafic maritime international 97 000 Ă  100 000 navires par an et la nature de ces flux en fait un espace observatoire de la mondialisation des Ă©changes. Une plate-forme multisite d’éclatement des conteneurs 5En Ă  peine dix ans, la situation monopolistique du port d’Algeciras pour les trafics conteneurisĂ©s a Ă©tĂ© bouleversĂ©e par l’arrivĂ©e d’un concurrent de poids sur l’autre rive, le port marocain de Tanger-Med, et par une situation de saturation des infrastructures du port andalou. 1 L’ensemble des trafics portuaires sont donnĂ©es par les autoritĂ©s portuaires. Il existe des chiffre ... 6Sous l’impulsion du gĂ©nĂ©ral Franco et de sa politique de dĂ©veloppement de pĂŽles industriels en 1965, le petit port d’Algeciras devient un port d’intĂ©rĂȘt national. La localisation de ce nouveau pĂŽle industriel est Ă©vidente, face Ă  Gibraltar, le gouvernement franquiste Ă©tale raffineries, sidĂ©rurgies et centrales Ă©lectriques. Le fond de la baie d’Algeciras devient une vĂ©ritable zone industrialo-portuaire ZIP dont les effets se font sentir encore aujourd’hui puisque une part importante des trafics du port est Ă  imputer aux vracs liquides 39 % et aux vracs secs 5 %. Pourtant, ce ne sont pas les effets de cette industrialisation lourde qui sont les plus Ă©tonnants. Les dĂ©cisions prises durant les deux dĂ©cennies suivantes vont bouleverser le sort du port espagnol. En effet, l’arrivĂ©e de l’armement Sealand en 1975, puis de Maersk en 1986, vont faire d’Algeciras l’un des premiers ports europĂ©ens de la conteneurisation. DĂšs lors, le trafic conteneur ne cesse de croĂźtre et le port d’Algeciras, dotĂ© en services et infrastructures spĂ©cialisĂ©es apportĂ©s par les opĂ©rateurs, s’impose en Espagne, en Europe et en MĂ©diterranĂ©e. ExprimĂ© en nombre de conteneurs Ă©quivalent vingt pieds EVP, son trafic le situe au cinquiĂšme rang europĂ©en en 2007 prĂšs de 3,3 millions d’EVP ; il talonne, parfois surpasse, Gioia Tauro Ă  la tĂȘte des trafics mĂ©diterranĂ©ens ; et se hisse au premier rang espagnol devant Valence 2,4 millions d’EVP et Barcelone prĂšs de 2,1 millions d’EVP1. Ce dĂ©veloppement portuaire est visible par des extensions spectaculaires de terminaux avançant dans la baie le terminal Juan Carlos I 69 ha dĂ©diĂ© Ă  Maersk ; et les extensions de Isla Verde Exterior 121 ha, dont les premiers quais ont ouvert durant l’étĂ© 2010, et qui ont vu l’arrivĂ©e de l’armement corĂ©en Hanjin. MalgrĂ© cet imposant dĂ©ploiement, le port est proche de la saturation. 7Presque quarante ans plus tard, un scĂ©nario semblable se produit sur l’autre rive du dĂ©troit. Le Roi du Maroc annonce Ă  l’occasion du discours du trĂŽne, le 30 juillet 2002, le lancement d’une opĂ©ration d’amĂ©nagement d’envergure Ă  40 km Ă  l’est de Tanger. Il s’agit de construire ex nihilo un port en eau profonde, structurĂ© principalement autour de terminaux Ă  conteneurs. Chacun de ces terminaux a trouvĂ© rapidement son concessionnaire, de sorte que les travaux de la premiĂšre phase, dĂ©marrĂ©s en 2003, ont permis de faire tourner les deux premiers terminaux en 2007. L’opĂ©rateur Maersk, Ă  travers sa filiale APM Terminals y a vu une aubaine afin de consolider sa position sur le dĂ©troit. Au regard des 2 millions d’EVP enregistrĂ©s en 2010, l’initiative semble couronnĂ©e de succĂšs. Une zone stratĂ©gique pour le premier opĂ©rateur mondial 8Tanger-Med et Algeciras sont des ports similaires, Ă  classer dans la catĂ©gorie des hubs c'est-Ă -dire des plates-formes d’accueil et de redistribution des conteneurs Ă  une Ă©chelle qui peut ĂȘtre rĂ©gionale ou internationale. Ils sont caractĂ©risĂ©s par un taux de transbordement extrĂȘmement Ă©levĂ© plus de 85 % pour le port d’Algeciras et prĂšs de 96 % pour le port de Tanger-Med. Ce taux Ă©voque en quelque sorte le trafic perdu pour l’arriĂšre-pays et permet de les dĂ©crire comme de simples lieux de triage des boĂźtes » afin de les transfĂ©rer d’une ligne Ă  l’autre. Pourtant, cette fonction les place au cƓur des rĂ©seaux maritimes des plus grands opĂ©rateurs mondiaux. Illustration 2 - RĂ©seau secondaire lignes feeders de l’armateur Maersk en MĂ©diterranĂ©e au dĂ©part de ses trois hubs janvier, 2011 Source Services feeders ; rĂ©alisation N. MareĂŻ, 2011. 9Les stratĂ©gies de Maersk en MĂ©diterranĂ©e sont rĂ©vĂ©latrices de l’importance d’un hub dans le rĂ©seau maritime d’un transporteur conteneurisĂ©. Le premier opĂ©rateur mondial a incontestablement un avantage en MĂ©diterranĂ©e par un investissement sur trois passages maritimes le binĂŽme Algeciras/Tanger-Med sur le dĂ©troit de Gibraltar, Gioia Tauro sur le dĂ©troit de Messine et Port-SaĂŻd sur le canal de Suez. Ce systĂšme permet une couverture complĂšte de la zone mĂ©diterranĂ©enne grĂące Ă  la mise en place d’un systĂšme en hub and spokes. En effet, les hubs sont placĂ©s au plus prĂšs de la grande route maritime Est-Ouest, la localisation sur les passages internationaux est alors idĂ©ale. A partir d’un hub la multiplication des liaisons en arborescences feeders permet de multiplier les destinations finales illustration 2. Cette logique rĂ©ticulaire permet aux porte-conteneurs gĂ©ants d’éviter de dĂ©vier de l’axe Est-Ouest et donc d’effectuer des rotations plus importantes sur cet axe, tout en augmentant la zone de desserte grĂące au rĂ©seau secondaire. Cette pratique du hub and spokes, lĂ©gitimĂ©epar les Ă©conomies d’échelle qu’elle permet et les succĂšs d’opĂ©rateur comme Maersk, marque un changement d’époque dans le processus de restructuration du transport maritime mondial et dans la fonction portuaire. Ces activitĂ©s deviennent de plus en plus enchaĂźnĂ©es aux logiques de la logistique internationale Ducruet, 2005 ; FrĂ©mont, 1996. Une station de service de la mondialisation 10Aux croisĂ©es des routes maritimes internationales, le dĂ©troit de Gibraltar est devenu la premiĂšre zone mĂ©diterranĂ©enne pour l’approvisionnement des navires en fuel IFO, gas-oil MGO et huile marine MDO. D’une maniĂšre gĂ©nĂ©rale, de nombreux ports proposent ce genre de services, mais le soutage ou bunkering Ă  gros volumes n’est possible que dans une poignĂ©e de zones prĂ©sentant une situation gĂ©ographique Ă  proximitĂ© des grandes routes maritimes, des installations nĂ©cessaires d’accueil des navires et des services complĂ©mentaires comme la rĂ©paration navale et l’approvisionnement en eaux et en vivres Castillo Manzano, 2001. 2 Isemar / Le Marin, 6-06-08. 11Les ports du dĂ©troit ont livrĂ© 7,96 Mt de soutes en 2007 4,3 par Gibraltar ; 3,1 par Algeciras dont la moitiĂ© est destinĂ©e aux navires de Maersk qui frĂ©quentent le terminal Juan Carlos I ; 560 000 t par Ceuta ; et les capacitĂ©s de soutage de Tanger-Med sont Ă  venir. Ces chiffes restent modestes comparĂ©s aux grandes stations de soutage que sont Singapour 32 Mt en 2007, Fujairah dans le golfe Persique 16 Mt ou Rotterdam 13,6 Mt2, mĂȘme si l’activitĂ© a connu un essor considĂ©rable puisqu’en 1990 seulement 800 000 tonnes de soutes Ă©taient livrĂ©es par les ports du dĂ©troit. L’activitĂ© est favorisĂ©e par la possibilitĂ© de soutage sans contraintes de tirant d’eau et les opĂ©rations peuvent ĂȘtre rĂ©alisĂ©es Ă  quai ou en mer par une flotte locale de petits tankers. Le bunkering est nĂ©anmoins extrĂȘmement dĂ©criĂ© par les associations de protection de l’environnement au nom des risques qu’il engendre pour l’environnement cĂŽtier et marin du dĂ©troit. Un lieu incontournable de la traversĂ©e Europe-Afrique 3 A titre indicatif, 13 millions de passagers ont traversĂ© le dĂ©troit du Pas de Calais en 2010 dove ... 12L’intense flux marchand de l’artĂšre maritime Est-Ouest est entrecoupĂ© par un trafic Nord-Sud qui n’a cessĂ© de prendre de l’ampleur au cours du XXe s. Il s’agit d’une part, d’un courant marchand support d’une partie du commerce extĂ©rieur marocain avec l’Europe et d’autre part, d’un flux humain de plus de 5 millions de passagers dont 40 % traversent le dĂ©troit lors de la pĂ©riode estivale3 illustration 3. Les protagonistes de ce grand va-et-vient saisonnier sont en majoritĂ© des marocains vivants en Europe qui vont tels des fourmis », les galeries et remorques de voiture chargĂ©es Ă  ras bord, passer un moment dans leur pays d’origine Tarrius, 1992, Arab, 2009. 13Au dĂ©part de SĂšte en France, de GĂȘnes ou Livourne en Italie, de Barcelone, Almeria, Malaga et Algeciras en Espagne, ils embarquent Ă  bord d’un ferry Ă  destination du nord du Maroc. En 2011, une flotte de 31 ferries est opĂ©rationnelle sur ces lignes. D’un opĂ©rateur Ă  l’autre les critĂšres de confort et de modernisme peuvent diffĂ©rer sensiblement. Matthew Murtland 2011 met en exergue la qualitĂ© mĂ©diocre des ferries marocains. Cette idĂ©e est confirmĂ©e par l’ñge moyen de la flotte des opĂ©rateurs marocains du dĂ©troit, IMTC et Comarit, dont les navires affichent respectivement des moyennes d’ñge de 35 et 31 ans alors que ceux de FRS, Acciona Trasmediterranea et Balearia, les opĂ©rateurs espagnols, ont quant Ă  eux des moyennes d’ñge de 17, 16 et 10 ans. Ce dĂ©calage qui existe entre une flotte vieillissante et un marchĂ© en expansion peut s’expliquer, entre autres, par le caractĂšre extrĂȘmement saisonnier de cette mobilitĂ© massive. Illustration 3 - Trafics passagers des ports du dĂ©troit et de la mer d’Alboran en 2007 Nora MareĂŻ. Du mondial au local, un espace dĂ©sarticulĂ© 14Le dĂ©troit de Gibraltar est un espace oĂč les circulations humaines et marchandes sont les principales animatrices des territoires. Elles dynamisent les lieux et rythment l’investissement qui consiste au dĂ©veloppement d’une nouvelle offre de transport afin d’accueillir des flux en augmentation continue. Par la mise en place de ces infrastructures, principalement portuaires, l’objectif recherchĂ© est de s’accrocher aux flux mondiaux ; la gestion de ces flux devrait permettre de crĂ©er de l’argent et d’impulser du dĂ©veloppement. D’une rive Ă  l’autre, les prises de dĂ©cisions Ă©tablissent alors l’infrastructure comme l’instrument essentiel du dĂ©veloppement territorial projetant ainsi les territoires dans le mythe politique des effets structurants des infrastructures de transport Offner, 1993. Cependant, la trop forte mise sur un dĂ©veloppement capitalistique et Ă©conomique comporte un risque de dysfonctionnement et de dĂ©sarticulation spatiale sur un espace littoral sinistrĂ© d’un point de vue socio-Ă©conomique et fragile d’un point de vue environnemental. La construction d’un espace oĂč les intĂ©rĂȘts extraterritoriaux priment OpĂ©rateurs maritimes et dynamisme portuaire 15L’insertion des ports du dĂ©troit dans les principaux rĂ©seaux conteneurisĂ©s de la planĂšte a comme consĂ©quence une appropriation complĂšte du dynamisme portuaire par des intĂ©rĂȘts extraterritoriaux, en particulier ceux des plus grands opĂ©rateurs mondiaux du transport maritime Maersk, 1er armateur mondial en 2011 ; CMA-CGM, 3e ; Hanjin Shipping, 9e. S’ils participent Ă  la construction des infrastructures portuaires de derniĂšre gĂ©nĂ©ration, leur intĂ©rĂȘt, en tant que transporteur, est donc essentiellement de dĂ©velopper leur activitĂ© vers les avant-pays marins. Il est donc peu probable que ces opĂ©rateurs amĂšnent des possibilitĂ©s importantes d’enracinement territorial et ceci est d’autant plus vrai que le port concernĂ© est un hub. En effet, la valeur ajoutĂ©e de la fonction portuaire est trĂšs dĂ©pendante du type de trafic, et les conteneurs ne sont pas Ă  ranger parmi les trafics les plus intĂ©ressants de ce point de vue. En particulier, l’activitĂ© de transbordement est en gĂ©nĂ©ral peu inductrice de valeur ajoutĂ©e locale, elle emploie une faible main-d'Ɠuvre et elle peut ĂȘtre trĂšs vulnĂ©rable en cas de forte concurrence. Les autoritĂ©s portuaires qui arrivent Ă  bĂ©nĂ©ficier de belles plus-values sont celles qui ont dĂ©veloppĂ© un fort potentiel industriel et logistique pĂ©ri-portuaire en investissant, par exemple, dans des zones d’activitĂ© spĂ©cialisĂ©es et extrĂȘmement bien connectĂ©es Ă  leur arriĂšre-pays. En ce qui concerne l’autoritĂ© portuaire d’Algeciras, la prise en compte de ces principes de massification des trafics est trĂšs rĂ©cente et les moyens mis en Ɠuvre pour y arriver sont encore balbutiants. Tanger-Med, le modĂšle du dĂ©veloppement asiatique importĂ© en MĂ©diterranĂ©e 16A Tanger Med, la donne est d’emblĂ©e diffĂ©rente car le projet est prĂ©sentĂ© comme une proposition globale d’amĂ©nagement de la rĂ©gion du TangĂ©rois. Il est confiĂ© Ă  une agence publique créée en 2002, l’Agence SpĂ©ciale Tanger MĂ©diterranĂ©e TSMA dont les compĂ©tences sont portuaires mais Ă©galement terrestres puisqu’elle est dĂ©signĂ©e comme l’amĂ©nageur de la Zone SpĂ©ciale de DĂ©veloppement ZSD créée pour accompagner le projet. Cependant, comme Ă  Algeciras, la concession des terminaux est dĂ©volue Ă  des sociĂ©tĂ©s privĂ©es Maersk et CMA-CGM ont remportĂ© les plus importantes concessions, Tanger Med s’inscrivant dans une rĂ©forme radicale du systĂšme portuaire marocain. Si la concession des terminaux conteneurs reste au cƓur du projet, l’originalitĂ© est Ă  observer dans la crĂ©ation de cette ZSD qui consiste en la mise en place de zones d'activitĂ©s intĂ©grĂ©es et de zones franches logistique, commerciale et industrielle comme celle de Melloussa 600 ha, orientĂ©e vers les activitĂ©s d'exportation et qui accueillera Renault sur 300 ha en 2012. 17MĂȘme si le projet a rencontrĂ© quelques succĂšs commerciaux grĂące Ă  l’arrivĂ©e de nouveaux investisseurs au Maroc, le principe mĂȘme de zones franches interpelle quant Ă  ses effets sur le dĂ©veloppement des territoires. En effet, les avantages d’une telle zone sont liĂ©s Ă  des lĂ©gislations fiscales extrĂȘmement permissives pas de droits de douane, pas de TVA, pas d’impĂŽts sur les sociĂ©tĂ©s pendant cinq ans, rapatriement de capitaux en devises Ă©trangĂšres, etc.. Ce sont des zones qui fonctionnent donc de maniĂšre isolĂ©e par rapport Ă  leur espace d’accueil. Les spĂ©cialistes du bureau international du travail BIT reconnaissent la difficultĂ© d’évaluer la contribution de ces zones dĂ©fiscalisĂ©es au dĂ©veloppement socio-Ă©conomique, tout en relevant leurs rĂ©sultats sur l’emploi, la diversification du tissu Ă©conomique, et l’attraction des investissements Ă©trangers. Dans cette perspective, l’objectif de faire de la ZSD une zone atelier, place alors les responsables marocains dans une optique complĂštement diffĂ©rente de celle d’Algeciras. L’appel Ă  l’investissement Ă©tranger et la mise en place d’une industrie de main-d’Ɠuvre Ă  vocation exportatrice comme l’assemblage automobile sont alors prĂ©sentĂ©s comme les clefs du dĂ©veloppement de la rĂ©gion. De telles entreprises ont connu quelques succĂšs en particulier en Asie Chine, Singapour, Malaisie. Cependant pour de nombreuses zones de ce genre, il est difficile de sortir du cercle vicieux d’une production Ă  faible valeur ajoutĂ©e et sans montĂ©e en gamme, les effets sur le dĂ©veloppement ne vont guĂšre plus loin que la crĂ©ation de quelques emplois sous-qualifiĂ©s BIT, 2003 ; Bost, 2007. 18Ainsi, dans un cas comme dans l’autre, les choix politiques en termes d’amĂ©nagements portuaires et pĂ©ri-portuaires semblent loin de l’enracinement territorial tant souhaitĂ© sur ces espaces oĂč les besoins socio-Ă©conomiques sont Ă©normes. D’ailleurs, de maniĂšre assez symptomatique, le commerce extĂ©rieur marocain n’est responsable Ă  Tanger Med que de 46 228 EVP en 2009, soit moins de 4 % du trafic global du hub. Une dĂ©gradation sensible de l’environnement marin et cĂŽtier du dĂ©troit 19L’intensification de l’activitĂ© humaine sur les littoraux peut ĂȘtre source de tensions sur les espaces marins et cĂŽtiers environnants, en particulier lorsqu’il s’agit de dĂ©velopper des infrastructures lourdes et dĂ©voreuses d’espace, telles les zones portuaires et industrielles. Un port performant est un port prĂ©sentant des profondeurs suffisantes afin d’accueillir les plus gros navires de la flotte mondiale et des espaces de stockage consĂ©quents pour hĂ©berger, entre autres, les milliers de conteneurs en attente de transbordement ou d’évacuation vers l’arriĂšre-pays. Pour rĂ©pondre Ă  ces critĂšres physiques de performance, sur les cĂŽtes escarpĂ©es du dĂ©troit de Gibraltar, les ports ont Ă©tĂ© construits par remblaiement sur les plus grandes baies existantes et par extension de ces remblais en mer. Dans la baie d’Algeciras, 610 hectares ont Ă©tĂ© gagnĂ©s sur la baie en un siĂšcle et le mouvement de remblaiement n’est pas achevĂ© port d’Algeciras et de Gibraltar. Sur le site de l’Oued R’Mel oĂč a Ă©tĂ© construit Tanger-Med, la phase 1 du projet Ă  consister Ă  construire une centaine d’hectares de terminaux portuaires intĂ©gralement gagnĂ©s sur la mer illustration 4. Ces constructions lourdes sont responsables de perturbations importantes dans le dynamisme morpho-sĂ©dimentaire des plages du dĂ©troit Ă©rosion au point que plusieurs campagnes de rechargement en sable des plages de la baie d’Algeciras ont Ă©tĂ© menĂ©es ces derniĂšres annĂ©es. Il faut ajouter Ă  ces remblaiements strictement cĂŽtiers ceux des zones rĂ©tro-littorales correspondant aux zones d’activitĂ©s Ă©conomiques ou logistiques et qui participent alors Ă  l’impermĂ©abilisation des sols dans des zones soumises Ă  de fortes intempĂ©ries hivernales. Illustration 4 – Evolution diachronique des infrastructures portuaires de Tanger-Med Source TMSA, images Google Earth ; rĂ©alisation N. MareĂŻ. 20Outre ces dĂ©sĂ©quilibres les plus visibles, il ne faut pas omettre les risques liĂ©s Ă  la fonction de zone de transit et d’escale internationale pour une grande partie de la flotte mondiale. Les accidents maritimes ne sont pas rares dans le dĂ©troit et leurs effets sont souvent amplifiĂ©s par le mauvais temps et la lenteur d’intervention dans des eaux sans souverainetĂ© officielle. Le 12 aoĂ»t 2007, le vraquier panamĂ©en New Flame a heurtĂ© le pĂ©trolier danois Torm Gertrud alors qu’il sortait du port de Gibraltar. À la suite de cette collision, le cargo New Flame s'est Ă©chouĂ© face Ă  la pointe de l’Europe Gibraltar. Pendant six mois, aucune solution n’a Ă©tĂ© apportĂ©e Ă  l’échouage du bateau jusqu’à ce que le 10 fĂ©vrier 2008, une tempĂȘte provoque une fuite d'hydrocarbures provenant du cargo, polluant ainsi 1,5 km de cĂŽtes espagnoles. La mĂȘme annĂ©e le Sierra Nava, navire frigorifique battant pavillon panamĂ©en, s’est Ă©chouĂ© sur une plage du sud de la baie d’Algeciras et a contaminĂ© aux hydrocarbures 1 kilomĂštre de cĂŽtes. A ces accidents graves, il faut ajouter une pollution manifeste des eaux causĂ©e par des dĂ©gazages sauvages, les fuites liĂ©es Ă  l’activitĂ© de soutage et considĂ©rĂ©es comme frĂ©quentes par les associations Ă©cologistes, les dĂ©versements industriels de la baie d’Algeciras et l’évacuation directe en mer des eaux usĂ©es de l’ensemble des villes du dĂ©troit. 21Tous ces risques marins et cĂŽtiers sont retrouvĂ©s sur l’ensemble du pourtour mĂ©diterranĂ©en oĂč le littoral subit un surinvestissement Ă©conomique industrie portuaire, tourisme, villes pluri-millionnaires, etc.. Le cas du dĂ©troit de Gibraltar n’est donc pas isolĂ©, il interpelle simplement par la suraccumulation et la fragilitĂ© visible d’un littoral rĂ©cemment classĂ© pour sa richesse Ă©cologique. Une augmentation des effets de fermeture et d’enclavement spatiaux 22Le dernier risque majeur pour les riverains du dĂ©troit est une augmentation des effets frontiĂšres ». Ces effets sont dus Ă  l’existence de flux illĂ©gaux qui traversent les territoires riverains du dĂ©troit de Gibraltar et qui obligent Ă  la crĂ©ation d’une zone mirador » avec systĂšmes radar de surveillance de dĂ©troit SIVE, patrouilles renforcĂ©es, et militarisation des frontiĂšres, afin de prĂ©venir l’immigration clandestine, le trafic de drogue, la contrebande. 23La configuration politique et gĂ©ographique du dĂ©troit, bousculĂ©e par un jeu d’enclaves stratĂ©giquement positionnĂ©es et inlassablement contestĂ©es et revendiquĂ©es, favorise l’émergence d’un courant d’échange illicite. Il s’explique d’une part par le fonctionnement Ă©conomique des enclaves de Gibraltar et de Ceuta proche de celui d’un port franc et d’autre part par le va-et-vient rĂ©gulier de travailleurs vivant dans l’arriĂšre-pays andalou ou rifain. L’existence de marchandises dĂ©taxĂ©es et la possibilitĂ© de les faire traverser la frontiĂšre moyennant quelques ruses et la corruption de quelques douaniers, alimentent alors rĂ©guliĂšrement un courant de contrebande. Cigarettes et alcool en provenance de Gibraltar sont aisĂ©ment retrouvĂ©s dans les rues andalouses ; quant aux Marocains, ils sont Ă  la recherche d’électromĂ©nager de tous types en provenance d’Europe. 24Ces flux marchands illĂ©gaux sont accompagnĂ©s d’une mobilitĂ© humaine clandestine stoppĂ©e par la coupure d’eau Ă  franchir que reprĂ©sente le dĂ©troit et par la double barriĂšre barbelĂ©e et militarisĂ©e de la frontiĂšre de Ceuta. Ces obstacles n’arrĂȘtent Ă©videmment pas les candidats au passage vers l’Europe. Ils rĂŽdent Ă©galement aux entrĂ©es du port de Tanger Ă  la recherche d’une faille dans le systĂšme de surveillance leur permettant alors d’embarquer furtivement dans un navire, sous les essieux d’un camion, dans une remorque, etc. Selon une Ă©tude du ministĂšre de l’économie et des finances marocain 2008, 0,5 % Ă  1 % des chargements sont affectĂ©s par ces problĂšmes de sĂ»retĂ©. La migration de l’activitĂ© roulier-passager ro-pax vers Tanger-Med, au sein d’un port hors de la ville, aux derniĂšres normes de sĂ©curitĂ©, et isolĂ© par la mer d’un cĂŽtĂ©, la montagne de l’autre, permet d’une certaine maniĂšre de remĂ©dier Ă  ces difficultĂ©s. Pourtant, cette situation prĂ©sente une part de paradoxe puisque partout dans le monde l’activitĂ© ferry est par essence la plus urbaine » des activitĂ©s portuaires. 25Enfin, d’un point de vue Ă©conomique, le pari marocain sur les zones franches n’est pas dĂ©nuĂ© de risques puisqu’il favorise un mitage dĂ©fiscalisĂ© » des territoires, sans garantie de rĂ©sorber les Ă©quilibres spatiaux, et avec l’éventualitĂ© de crĂ©er une parcelle de modernitĂ© et de richesse aux intĂ©rĂȘts exclusivement extraterritoriaux Coudroy de Lille, 2007. Emergent alors le long des cĂŽtes du dĂ©troit divers Ăźlots politiques, Ă©conomiques, militaires, qui fractionnent de plus en plus des territoires dĂ©jĂ  peu articulĂ©s. Le dĂ©troit de Gibraltar, un espace pertinent d’intĂ©gration territoriale ? 26Parler d’intĂ©gration territoriale sur un espace si complexe peut paraĂźtre un vƓu pieux au regard des modalitĂ©s politiques, socio-Ă©conomiques et environnementales qui viennent d’ĂȘtre passĂ©es en revue. Or c’est une piste Ă  explorer afin d’articuler le rĂ©seau mondial Est-Ouest dans lequel est insĂ©rĂ© le dĂ©troit et le systĂšme local Nord-Sud en demande d’opportunitĂ©s de dĂ©veloppement. Ici, en particulier, le contact fragile entre la mondialisation et ses marges est exacerbĂ© au risque de faire du dĂ©troit un simple lieu de transit d’hommes et de marchandises. Penser Ă  une intĂ©gration rĂ©gionale d’un genre nouveau puisque intercontinentale et euro-africaine est alors peut-ĂȘtre une nouvelle voie du dĂ©veloppement pour les territoires marginaux et frontaliers de l’espace europĂ©en. Les efforts Ă  rĂ©aliser en vue d’une intĂ©gration rĂ©gionale 27Un projet de gestion commune d’une zone transfrontaliĂšre nĂ©cessite, outre une volontĂ© politique forte et partagĂ©e, une certaine harmonie sociale, Ă©conomique et politique entre les participants. Une Ă©volution de ce type sur le dĂ©troit de Gibraltar implique alors que la rĂ©gion du TangĂ©rois effectue un vĂ©ritable rattrapage en terme de dĂ©veloppement Ă©conomique, le projet Tanger-Med se prĂ©sente comme le reflet des aspirations marocaines. Le Maroc devra Ă©galement imposer une rĂ©elle politique de rĂ©gionalisation en octroyant Ă  la rĂ©gion [du Rif ou du Tangerois] une responsabilitĂ© financiĂšre accrue », car la coopĂ©ration imaginĂ©e n’est pas intergouvernementale mais bien interrĂ©gionale entre des acteurs et des territoires partageant les mĂȘmes attaches pour l’espace en question Cherkaoui, 2006. D’autant plus que l’Andalousie voisine est une CommunautĂ© Autonome avec ses propres instances politiques, financiĂšres et lĂ©gislatives. Il est possible d’imaginer qu’au sein de cet espace solidaire, les plates-formes d’éclatement de Tanger-Med et Algeciras coopĂ©reraient, ce qui offrirait une capacitĂ© d’accueil de quasi 15 millions de conteneurs pour le dĂ©troit, devenant ainsi la premiĂšre zone conteneurisĂ©e de l’espace euro-mĂ©diterranĂ©en. 28Toutefois, sans solution politique pour Ceuta et Gibraltar, le statut quo risque de s’éterniser. Certains responsables espagnols accusent mĂȘme le Maroc de vouloir casser l’économie de Ceuta avec le projet Tanger-Med. Pourtant, une cogestion de Ceuta avec le Maroc et de Gibraltar avec le Royaume-Uni est envisageable en raison de l’évolution socioculturelle des enclaves. Dans ces enclaves les brassages ethniques sont plurisĂ©culaires et la proportion des rĂ©sidents marocains Ă  Ceuta ou espagnols Ă  Gibraltar a considĂ©rablement augmentĂ©. Yves Zurlo 2006 parle, concernant Ceuta et Melilla autre enclave espagnole au Maroc, de laboratoire de convivencia signifiant vie en commun en espagnol. Pourtant, les enclaves semblent Ă©voluer plutĂŽt vers l’autonomie politique que la gestion commune. Les obstacles Ă  l’intĂ©gration 29Les obstacles Ă  l’intĂ©gration sont encore de taille et ils sont Ă  chercher dans les nombreux paradoxes qui Ă©mergent de la trop grande dĂ©sarticulation entre les enjeux locaux et le systĂšme mondial qui s’y superposent. 30En effet, la permanence des rĂ©seaux illĂ©gaux de l’immigration et de la contrebande est alimentĂ©e par les Ă©carts croissants de dĂ©veloppement entre les deux rives, et ces rĂ©seaux ne cessent de se dĂ©velopper malgrĂ© les stratĂ©gies sĂ©curitaires de barricadement de l’espace europĂ©en. 31Ensuite, la faveur actuelle donnĂ©e au dĂ©veloppement Ă©conomique a de nombreux effets pervers. D’un point de vue social, le succĂšs des projets en cours est loin d’ĂȘtre avĂ©rĂ© et les voies souhaitables Ă  une inversion des tendances ne semblent pas celles choisies pour le moment. D’un point de vue environnemental, il est certain que les projets en cours se sont complĂštement affranchis des normes ou des lĂ©gislations qui existent puisque une grande partie des espaces maritimes et terrestres du dĂ©troit de Gibraltar sont rĂ©glementĂ©s par des zonages de protection de niveau rĂ©gional Ă  europĂ©en. 32Ces dysfonctionnements amĂšnent alors Ă  la construction d’un espace paradoxal, mais Ă  l’image du monde, oĂč tout est mis en place pour la fluiditĂ© et la gestion optimale des circulations marchandes alors que s’opposent barricades, postes de contrĂŽles et lĂ©gislations discriminatoires aux mobilitĂ©s humaines. Les premiers pas vers la gestion commune 33Pourtant, le tableau n’est pas complĂštement sombre sinon il serait illusoire de rĂ©flĂ©chir Ă  des perspectives d’intĂ©gration. 4 Le Marin, 4-05-07. 34Le Maroc effectue prĂšs des deux tiers de son commerce extĂ©rieur avec l’Union EuropĂ©enne dont 22,1 % avec la France, suivie de l'Espagne 13,2 %, de l'Italie 5,9 %, de l'Allemagne 4,2 % et de la Grande-Bretagne 3,6 %4. Cette situation lui a valu d’obtenir, en 2008, un statut avancĂ© avec l’ dans le cadre de sa politique de voisinage. Il est le premier pays sud-mĂ©diterranĂ©en Ă  entrer dans cette catĂ©gorie et Ă  renforcer ainsi ses liens politiques et Ă©conomiques avec l’UE dans l’objectif d’intĂ©grer Ă  terme le marchĂ© unique europĂ©en. Il est, en particulier, un partenaire politique privilĂ©giĂ© de l’Espagne puisqu’ils sont souvent obligĂ©s de coopĂ©rer en matiĂšre de gestion des flux migratoires. De 1956 Ă  2004, soit en 50 ans de relations de voisinage, l’Espagne et le Maroc ont signĂ© 104 accords dont plus d’un tiers concernent le dĂ©troit de Gibraltar, les modalitĂ©s de circulation des personnes et la coopĂ©ration entre les autoritĂ©s de frontiĂšres RamĂłn Remacha, 2006. Cette consolidation des liens euro-chĂ©rifiens est un prĂ©alable Ă  une coopĂ©ration plus Ă©troite de type intĂ©gration frontaliĂšre entre le TangĂ©rois et l’Andalousie. Ces rĂ©gions auraient incontestablement un rĂŽle Ă  jouer dans une politique de voisinage encore plus Ă©troite avec le Maroc, ne serait-ce que dans la rĂ©ception et la gestion du flux commercial. Une telle situation serait bĂ©nĂ©fique Ă  une massification des trafics et Ă  une extension des arriĂšre-pays des ports de Tanger-Med et d’Algeciras. 35Enfin, Ă  l’échelle rĂ©gionale, ce sont les questions environnementales qui ont connu les avancĂ©es les plus significatives. En effet, le 25 octobre 2006, l’UNESCO a approuvĂ© le premier projet de RĂ©serve de BiosphĂšre Intercontinentale, proposĂ© par les comitĂ©s MaB Man and Biosphere de la rĂ©gion Andalousie et du royaume du Maroc. Le territoire proposĂ©, d’une superficie d’un million d’hectares, est dĂ©terminĂ© sur la base du large espace de communication entre le continent europĂ©en et le continent africain, constituĂ© par le sud de l’Andalousie et le nord du Maroc, englobant donc tout le dĂ©troit de Gibraltar et les nombreux parcs naturels, rĂ©serves naturelles, monumentos naturales, et sites d’intĂ©rĂȘts biologiques et Ă©cologiques des deux rives. La gestion commune de tous ces espaces protĂ©gĂ©es favorise une politique commune de conservation et d’usage des ressources naturelles, premiers pas communs vers une intĂ©gration rĂ©gionale des territoires frontaliers du dĂ©troit de Gibraltar. Conclusion 36Le dĂ©troit de Gibraltar est traversĂ© par des flux et des influences multiples, parfois opposĂ©s, qui en font un espace original d’observation de la mondialisation et de ses effets sur les territoires. L’espace en question rĂ©vĂšle aujourd’hui une offre de transport renouvelĂ©e et moderne qui permet une intĂ©gration des territoires riverains aux rĂ©seaux du transport mondial. Cependant, la faible articulation entre les logiques commerciales d’une part et les intĂ©rĂȘts Ă©conomiques et sociaux locaux d’autre part laisse entrevoir certaines frictions territoriales capables de fragiliser l’espace en construction. S’oppose alors sur ce territoire un espace de la fluiditĂ© entretenu par des intĂ©rĂȘts extĂ©rieurs, celui des flux Est-Ouest, et un espace de la fixitĂ© aux rĂ©alitĂ©s multi-scalaires et imposĂ© par les difficultĂ©s de la relation Nord-Sud Hesse et Rodrigue, 2004. Les tensions engendrĂ©es par la fragilitĂ© du territoire invitent alors Ă  une rĂ©flexion sur une coopĂ©ration et une solidaritĂ© entre les deux rives afin de dĂ©passer les difficultĂ©s liĂ©es Ă  la fragmentation spatiale de ce terraquĂ©. 37Unir les deux rives d’un dĂ©troit par une coopĂ©ration transfrontaliĂšre est un systĂšme qui a dĂ©jĂ  fait ses preuves depuis 1997 sur les rivages de l’Øresund et qui est Ă  l’étude sur le Pas de Calais programme europĂ©en Interreg IVA France Manche – Angleterre. La difficultĂ© de ce genre de projets rĂ©side dans le fait que les rivages d’un dĂ©troit sont souvent isolĂ©s par la coupure d’eau qui s’oppose Ă  leur mise en contact. En recentrant les enjeux sur la gestion de cette coupure d’eau, ils font alors de la mer le support de l’espace en construction. De sĂ©paratrice la mer devient intĂ©gratrice, animant ainsi le terraquĂ© qu’elle a formĂ©. Sur l’Øresund comme sur le Pas de Calais, les deux rives sont dorĂ©navant unies par un lien fixe. Projet qui existe sur le dĂ©troit de Gibraltar depuis 1869, preuve d’une volontĂ© ancienne de lier les deux rives, et pour lequel des Ă©tudes de faisabilitĂ© ont Ă©tĂ© rĂ©alisĂ©es au cours des dĂ©cennies 1980 et 1990. Mais cette union euro-africaine prĂȘte encore Ă  controverse, Ă  l’heure d’une Europe de plus en plus protectrice Ă  l’égard de ses frontiĂšres extĂ©rieures.

port marocain dans le détroit de gibraltar